
Le vendre 13 juin 1930 Guillaumet est emprisonné dans la Cordillère par une tempête de neige.
A 6500 mètre d’altitude,il fût pris dans un fort courant descendant et perdit 3000 mètre en 3 minutes pour se trouver au dessus de la Lugana Diamente situé au milieu d’un gigantesque cirque de montagnes. Guillaumet se trouvait en quelque sorte pris dans une souricière à 3500 mètres.
Il survola pendant une heure et demi, la Laguna Diamente avant d’être contraint-à court d’essence- d’effectuer un atterrissage qui se termina en fin de course par un capotage.
La tempête cessa seulement le Dimanche matin et Guillaumet qui s’était mis à l’abri derrière son Potez 25 après avoir creusé un trou avec la porte de son avion,décida de se mettre en route vers 10 heures et d’affronter l’altitude, le vent, le froid ,la neige et les sommets.
Il écrit cependant sur son avion avant de partir.
« N’ayant pas été repéré par l’avion, je suis parti vers l’est,direction Argentine.Adieu à tous »
« Mon dernier souvenir à ma femme avec un bon baiserJ’ai été obligé d’atterrir içi,àcause de la tempête de neige »
Pendant 5 jours et 4 nuits Guillaumet va faire des efforts surhumains. Saint Exupéry dira que le courage de Guillaumet est un effet de sa droiture « Si les camarades pensent que je marche et que je ne marche pas je suis un salaud..Sa grandeur c’est de se sentir responsable du courrier et des camarades qui espèrent »
Ce qui sauve, c’est de faire un pas.Encore un pas.C’est toujours le même pas que l’on recommence
Sur les traces de Guillaumet lors de sa marche de 5 jours et 4 nuits « Vegas Yaucha »
C’est la fin du pénible parcours de Guillaumet à la sortie du Yaucha le jeudi 19 juin 1930.Il va bientôt rencontrer un jeune garçon Juan Gualberto Garcia qui le prit pour un fou car Guillaumet criait et faisait des gestes,prenait son écharpe et la levait au ciel.Le jeune garçon s’enfuit et alla dire à sa mère qu’il venait de rencontrer un fou.Mme Garcia pensa qu’il sagissait peut être du pilote égaré dans la cordillère.
Mme Garcia et Juan retournèrent le chercher et le conduire alors chez eux pour lui apporter les premiers secours.
Le lendemain,après 15 km à cheval le vendredi 20 juin et 3 heures de voiture, Guillaumet retrouve Saint Exupéry qui après avoir repéré avec une étonnante intuition la voiture , effectua un atterrissage dans un champ à la sortie de San Carlos.
Juan Gualberto Gomez ,qui avait 12 ans à l’époque des faits, a été témoin du spectaculaire atterrissage de Saint Exupéry et des retrouvailles émouvantes des deux hommes qui s »embrassèrent et se mirent à pleurer.Alberto Piatelli qui m’accompagnait sur cette journée avait recueilli son témoignage avant qu’il ne meurt. Un grand moment de partage « Merci Alberto »
J’ai photographié ce champ qu’avait indiqué Juan Gualberto Gomez à Alberto.C’est donc là que fût prononcée cette phrase désormais célèbre« Ce que j’ai fait ,je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »
Le Paradoxe d’Icare
Saint Exupéry a consacré « le ciel et l’homme » comme Conrad « l’homme et la mer ».Mais Saint Exupéry est monté au ciel non pour se rapprocher du soleil mais pour mieux découvrir la « Terre et les Hommes »
Le don du ciel contre le don de la terre en ce sens que ces hommes liés par un but commun qui se situent en dehors d’eux-mêmes font l’expérience de la véritable amitié.
Saint Exupéry écrira dans Terre des Hommes cette phrase venu du ciel pour que la vie sur terre soit plus belle pour les hommes.
« Aimer ce n’est point nous regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction »
N’est ce pas ainsi trouver un sens à la vie et accomplir, à chaque pas, notre destin et le sublimer?
Abel SEVELLEC