
Mon voyage sur les traces de Saint Exupéry m’a conduit à Tarascon auprès de Fréderic D’Agay, son petit neveu. Gabrielle dit Didi, soeur d’Antoine, était la grand mère de Frédéric D’Agay.
Frédéric d’Agay nous a reçu,ma femme et moi, avec une grande gentillesse dans la bibliothèque de sa maison de Tarascon et cela la malgré de nombreuses occupations et projets car Frédéric d’Agay, historien et éditeur spécialiste du 18ème siècle, continue de s’impliquer beaucoup pour la mémoire et l’oeuvre de Saint Exupéry.
C’est évidemment autour de la pensée et et de la place particulière de Saint Exupéry dans la littérature française que nous avons d’abord échangé après avoir évoqué nos souvenirs de voyages en Argentine autour de l’épopée de l’aéropostale et de l’action de Saint Exupéry.
Nous constatons rapidement que nous avons une approche commune et une passion identique pour la profondeur et le rayonnement de la pensée de Saint Exupéry, mais aussi pour l’exemplarité de son action.
Pour Saint Exupéry , en effet,c’était une nécessité continuelle de fournir dans sa façon de vivre des gages de ce qu’il écrivait alors que nous voyons bien souvent en littérature des écrivains un peu lâches recommander le courage et aux avares de prôner la prodigalité.
Son message est important pour la jeunesse mais aussi pour toutes les personnes sensibles à sa poésie et désireuses d’approfondir le sens de l’action et de la vie et donc de passer du rêve à la pensée et de la pensée à l’action.
Pour Frédéric D’Agay le testament de Saint Exupéry est le petit Prince car son message essentiel est le lien, le sens, les relations et le mystère de la vie. Saint Exupéry développera continuellement ces thèmes dans ses autres livres ; Courrier Sud , Vol de nuit, Terre des Hommes et Pilote de Guerre et bien évidemment la lettre à un otage où nous restent en mémoire sur le bord de la Saône ces moments d’amitiés plus impalpables que la qualité de la lumière… cette invisible fête en nous.
Comment ne pas être d’accord avec lui ? Nous trouvons,en effet, dans Citadelle ,son dernier livre le même message:
» Il convient en permanence de tenir éveillé en l’homme ce qui est grand et le convertir à sa propre grandeur…car l’aliment essentiel ne lui vient pas des choses mais du noeud qui noue les choses,non les mots dans le livre mais telle relation entre les mots du livre qui sont amour,poèmes et sagesse de Dieu.
Avec l’oeuvre de Saint Exupéry nous nous retrouvons toujours le coeur plus large que la mer, entrainés dans un festival de pensées et dans une fête de lumière et d’émotions.
Après nos échanges en cette fin d’après midi, nous pouvions nous sentir Frédéric D’Agay et moi bien éclairés par ces phrases de Saint Exupéry dont les mots ont retenti les uns sur les autres pour composer cette musique qui apaise l’âme , comble le coeur et illumine le regard.
Et c’est sans doute pourquoi Saint Exupéry a conclu Citadelle par cette réflexion : « j’ai donc, mon travail achevé, embelli l’âme de mon peuple.Et moi qui pense à lui et lui qui pense à moi ,bien que nul langage ne nous soit offert pour nos rencontres,quand nous avons jugé, ou dicté le cérémonial,ou puni ou pardonné, nous pouvons dire, lui pour moi comme moi pour lui : ce matin j’ai taillé mes rosiers ».
Le monde est alors plus beau que le sourire d’un roi car il ouvre à l’homme son étendue intérieure pour bâtir sa Citadelle où chaque pas aura un sens et chaque rose un parfum.
Et je voudrais terminer cette évocation de ma rencontre avec Frédéric d’Agay en laissant le dernier mot à Saint Exupéry qui dans la la lettre à un otage nous dit :
Pour nous qui fûmes élevés dans le culte du respect de l’homme,pèsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fêtes merveilleuses…
Abel SEVELLEC
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