Le 18 février dernier j’avais visité l’appartement ou logeait Saint Exupéry à Buenos Aires,.
Le 12 juillet 2016 dans le journal Clarin de Buenos Aires est paru un article , concernant cet appartement de Saint Exupéry à Buenos Aires.
Grace à mon ami Denis Filhol -qui vit à Concordia en Argentine-et qui m’a communiqué cet article et avec l’aide de Pierre Hardy pour la traduction, je suis heureux de vous présenter cet intéressant reportage.
Cet appartement fut habité par l’auteur du Petit Prince entre 1929 et 1931. Il se trouve au 6ème étage de la Galerie Güemes. On peut le visiter jusqu’au dimanche 31 juillet.
Il n’a vécu que 15 mois en Argentine mais cette expérience changea sa vie pour toujours. Antoine de Saint-Exupéry, aviateur et l’un des écrivains les plus lus et admirés au monde – auteur du Petit Prince – est arrivé en Argentine le 12 décembre 1929. Il est venu occuper le poste de Directeur du Trafic de l’Aéropostale Argentine, entreprise dédiée au transport de courrier et de passagers, filiale de la Compagnie Générale Aéropostale de France.
On savait de cette histoire qu’il avait vécu dans une des tours de la galerie Güemes, située au numéro 200 de la rue Florida, dans un appartement qu’il avait loué meublé. Qu’il voyageait en voiture par des chemins de terre jusqu’à une piste à Pacheco, à 35 km de Buenos Aires, où il montait dans des avions à la technologie précaire avec pour mission d’inaugurer et de prolonger les voies aériennes de Patagonie.
Avec l’ouverture au public, après restauration, de l’appartement 605 situé au 6ème étage de la Tour Mitre dans la Galerie Güemes, qui a eu lieu hier – on pourra le visiter gratuitement jusqu’au 31 juillet – s’achève le chapitre argentin de la vie du Français. Saint-Exupéry choisit ce lieu constitué de deux pièces lumineuses et haut de plafond, sans luxe mais offrant une qualité d’espace généreuse. C’est là qu’il commença à écrire un de ses livres les plus connus, Vol de Nuit, qui se déroule aussi en Argentine. Dans la salle de bain de cette propriété est arrivée par ailleurs une des anecdotes les plus curieuses et amusantes de son séjour à Buenos Aires. Lors d’un de ses voyages dans le Sud, il se prit d’affection pour un bébé phoque et le ramena avec lui. La baignoire, aujourd’hui restaurée, devint le nouveau foyer de l’animal.
La Direction de la Galerie Güemes, dirigée par Cecilia Osler, a conduit les travaux de remise en état avec l’architecte Cristina Hauscarriague qui est par ailleurs l’expert architectural de ce bâtiment qui fait partie du patrimoine. Les travaux ont commencé au milieu de l’année dernière et ont duré environ 6 mois. L’appartement était vide et inutilisé depuis un bon moment, et l’objectif était de le rendre dans un état aussi proche que possible de celui dans lequel il était dans les années où l’écrivain l’habitait. Pour cela, on a récupéré les fenêtres, remplacé les portes en place par les modèles originaux dont il restait encore quelques unités dans la galerie, et on a raboté et ciré le plancher de bois.
Le travail le plus délicat fut réalisé dans la salle bain. Si elle conservait bien les éléments d’origine, les murs comme le sol avaient été recouverts de carrelage ordinaire. Quand ils commencèrent à piquer en surface, les restaurateurs tombèrent sur les carreaux d’origine. Après avoir retiré avec précaution cette couche surajoutée, ils purent restaurer toutes les faïences, et purent ainsi rendre exactement à la salle de bain tout l’éclat qu’elle avait à cette époque.
Parmi ceux qui assistaient à la présentation se trouvaient l’ambassadeur de France Jean-Michel Casa et Alain d’Etigny, petit neveu de l’écrivain aviateur. Né en France, il vit en Argentine depuis 10 ans et est directeur général de l’agence de voyage Argentina Excepcion, spécialisée dans les excursions de luxe en divers sites du pays. « Bien que Saint-Exupéry n’ait vécu qu’un an et demi en Argentine (il rentra en France en 1931), son séjour le marqua profondément. C’est également ici qu’il connut son épouse Consuelo », a-t-il expliqué à Clarin. D’après d’Etigny, Antoine de Saint-Exupéry et la Salvadorienne Consuelo Suncin-Zandoval firent connaissance lors d’une manifestation à l’Alliance Française, premier chapitre d’une histoire qui s’éteint presque avant de commencer : l’écrivain arriva très tard, et croisa Consuelo quand celle-ci descendait déjà l’escalier pour rentrer chez elle. Le jour suivant, il l’invita à voler. Jamais plus ils ne se séparèrent.
Durant la visite de l’appartement, on peut voir des panneaux qui racontent l’histoire de l’Aéropostale Argentine et du séjour de l’écrivain à Buenos Aires, après une enquête effectuée par l’historienne Clara Rivero. Dans sa présentation, Rivero met en évidence l’importance qu’a eue pour l’auteur du Petit Prince son étape argentine. « L’intérêt pour l’aviation était si grand que nous avions l’impression de remplir un rôle social », affirmait Saint-Exupéry. Et ils le remplissaient effectivement puisque son arrivée, et celle des pilotes qui l’accompagnèrent signifia la fin de l’isolement de nombreuses populations du Sud et l’ouverture de routes aériennes inconnues jusqu’alors.
Dossier : Juan Décima