Nous y voilà, nous sommes passés du sondage à la réalité après une campagne bien décevante et certainement pas à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face dans un monde complexe, violent et désorienté.
L’emploi et la sécurité sont pour notre pays les priorités sur lesquelles nous devrions nous accorder sans négliger les objectifs d’équilibre budgétaire et de réduction de la dette, si nous ne voulons pas laisser aux futures génération la charge et le fardeau de nos inconséquences. Les risques seraient encore plus élevés et la note plus douloureuse dans l’hypothèse d’une augmentation des taux d’intérêts.
Il me semble, à l’évidence nécessaire de renforcer la coopération européenne avec le souci de se débarrasser des couches technocratiques en réduisant l’épaisseur des budgets de fonctionnement pour plus d’investissements dans la formation, l’innovation et les transports. Moins de réglementation et plus d’action et de coopération. Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin, si on n’oublie pas les peuples.
Faire croire qu’en creusant les déficits, on pourra se mettre en capacité de négocier avec les partenaires Européens des efforts d’harmonisation fiscale et sociale, c’est proprement se foutre du monde. Placer ainsi les conditions d’une renégociation européenne, c’est inévitablement aller vers une sortie de l’Europe sans vouloir le dire aux Français.
Faire croire que le repli sur soi et la fermeture des frontières constituent des solutions à l’emploi et à l’émigration c’est ignorer la complexité des économies dont l’interdépendance nécessite une plus grande compétitivité pour gagner des marchés en dehors de nos frontières et créer ainsi de l’emploi.
Le salut viendra non du repli mais du progrès de nos économies et de notre capacité à anticiper et à s’adapter. Plus l’innovation s’accélère, plus la technologie rentrera dans nos vies, plus il y aura besoin d’humain et de culture pour maîtriser tous les aspects du changement et faire face à la peur de l’inconnu et donner du sens à notre avenir.
Faire croire que le retour au franc dopera notre économie, c’est oublié que ce fusil à un seul coup n’apportera pas durablement de la compétitivité à notre pays et qu’il compliquera nos efforts pour réduire notre déficit, notre endettement et restaurer notre efficacité commerciale à l’internationale. En outre, nos épargnes fondront avec nos illusions et les taux de la dette flamberont pour nous priver de ressource pour investir. Et encore plus gravement nous perdrons notre souveraineté que nous étions censés renforcer.
Dans les moments graves, la passion ne doit pas remplacer la raison, nous avons besoin de l’une et de l’autre dans des proportions équilibrées. Ce qui suppose que la haine, la peur, l’aveuglement, la colère ne dictent notre comportement, ni ne paralysent notre discernement quand nous devons valoriser notre bien commun le plus précieux: le mieux vivre ensemble.
Chacun de nous ne possède qu’une partie de la vérité et c’est pourquoi nous ne pouvons pas et ne devons pas vivre sous le dictat d’un parti qui respecte exclusivement qui lui ressemble et ne respecte que lui même. La confrontation basée sur l’exclusion et l’agressivité ne doivent pas remplacer le dialogue ni écraser la culture de la curiosité, de l’ouverture aux autres et du dialogue dans l’acceptation et le respect des différences. Cela n’exclut pas la rigueur et le renforcement de de la protection des citoyens par des mesures adaptées et coordonnées avec l’Europe et les nations du monde.
Non à l’exaltation mais oui à la ferveur et à la rigueur dans l’affirmation de valeurs universelles capables de relier les continents et les hommes du monde entier. La sécurité est un problème mondial qui ne peut être résolu que par les efforts de toutes les nations et en premier lieu des états Européens. C’est à dire mieux et plus d’Europe et non moins d’Europe.
Plus nous avons de la personnalité et plus nous sommes en mesure de reconnaître celle des autres et de coopérer . Moins nous avons des repères et de personnalité et plus nous rejetons sur les autres la responsabilité de notre impuissance avec cette tendance lourde de revenir vers des solutions du passé, créées pour le passé.
Aveuglés par la colère, nous croyons trop facilement à des solutions simplistes qui refusent l’évolution, la transformation du monde et la complexité de notre environnement. Dès lors, nous nous préparons à des réveils douloureux et à faire vivre à nos enfants des cauchemars provoqués par des illusionnistes qui prennent des raccourcis démagogiques pour proposer des solutions. S’il suffisait de fermer les frontières, de revenir au franc, d’accuser l’Europe de nos difficultés pour dissiper tous nos ennuis et renforcer notre sécurité, cela se saurait. Nous savons bien, en effet, que tout isolement fragilise les positions et les rapports de force de celui qui s’isole.
En france nous souffrons de trop de centralisme et de trop d’arrogance du pouvoir jacobin. Aucun candidat ne l’a vraiment compris et donc proposé une véritable régionalisation et un renforcement parallèle des pouvoirs régaliens. Depuis plus de 60 ans, notre modèle centralisateur tourne au ralenti et nous nous entêtons à le maintenir avec une administration de l’état inadaptée aux enjeux économiques et des institutions trop lourdes et trop éloignées des besoins des Régions.
Avons nous besoin de tant de députés? de sénateur? comment poser l’efficacité et l’utilité du sénat avec des régions fortes bien enracinées dans leur territoire? et non comme aujourd’hui avec des régions « hors-sol » qui représentent la décentralisation de la centralisation? Il faut quand même reconnaître que le problème du développement des régions, c’est l’Etat. La France a une grosse tête et des petites jambes. Il ne suffit pas de penser et de vouloir courir vite pour y parvenir. Il faut décongestionner le cerveau pour que l’oxygène circule davantage dans tout le corps et tonifie les muscles. Joindre à la fois l’intelligence concrète et l’efficacité opérationnelle.
Que voulons-nous demain pour la France? Et quelle France voulons-nous être avec de régions qui serviront mieux son rayonnement? Les Français veulent être plus concertés et plus concernés par les décisions. Plus motivés et plus impliqués dans la réalisation de leur destin car ils refusent le déterministe et la fatalité. Rien ne nous sera accordé si nous n’allons pas le chercher. Ce que nous désirons, il nous faudra faire l’effort de l’acquérir et de le faire comprendre à ceux que nous allons élire.
La bonne nouvelle c’est que dans les années qui viennent, rien ne sera plus comme avant et que le pouvoir devra compter sur la volonté et le désir des citoyens de faire vivre davantage la démocratie. Nous deviendrons plus responsable, dans la mesure de nos efforts, de notre destin collectif. Et comme le disait Saint Exupéry « Nul ne peut se sentir à la fois, responsable et désespéré ».
Alors gardons le cap, sans rien renier de ce que nous sommes, pour aller vers l’avenir afin de lui donner la force et la puissance nécessaire à nos ambitions.
Abel SEVELLEC