
Arrivé à Tarfaya, je venais de boucler mon tour du monde sur les traces d’ Antoine de Saint Exupéry. Je venais de réaliser un rêve de gosse : découvrir un à un les paysages et les lieux mythiques de Courrier Sud, Vol de nuit, Terres des Hommes, Pilote de guerre, la lettre à un otage, le Petit Prince et Citadelle. Des années et des années de lecture et de voyage depuis ce jour où lors d’une composition française sur Terre des Hommes, je venais d’obtenir pour la première fois la meilleure note de la classe.
» Ce que d’autre ont réussi, on peut toujours le réussir ». Ainsi j’allais mettre en pratique cette phrase de Terre des Hommes qui allait changer le cours de ma vie car je venais de découvrir ce que l’on ne nous enseigne pas à l’école: la foi dans la vie, la confiance en soi et le goût d’apprendre et du risque. Ne jamais renoncer à ses rêves même dans les jours les plus sombres.
Chacun dispose de cette capacité à repousser ses limites et à trouver au plus profond de lui des ressources qu’il ne soupçonne pas car »dans la vie il n’y a pas de solutions, il a des forces en marche: il faut les créer et les solutions suivent » (vol de nuit). Ainsi donc j’ai eu envie de Tarfaya d’écrire cette lettre à Antoine de Saint Exupéry.

A Tarfaya avec Sadat responsable du musée de Saint Exupéry
Mon Cher Antoine
J’aime me retrouver face à face avec tes pensées à l’occasion d’un »Vol de Nuit » ou d’une profonde méditation aux portes de la »Citadelle ».
Là ce n’est pas la tête qui opère, mais le coeur, mais l’intuition, mais le rêve.
Grandir nous dis-tu, c’est devenir cet homme qui porte en lui plus grand que lui et qui délivré de ses limites »s’émerveille devant l’immensité de la mer ».
Vaincre la peur, c’est s’éveiller à l’épreuve pour conquérir des espaces intérieurs et dépasser les frontières qui nous séparent de nous-même, du monde et d’autrui.
La véritable audace est de créer, d’oser être soi-même et de ne jamais reculer devant l’effort car »L’Homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle »
Oser aller du connu vers l’inconnu et de l’ombre à la lumière pour découvrir derrière les apparences l’invisible lien qui noue les hommes et les choses et leur donne un sens.
Mon cher Antoine tu me disais que ce n’est pas le danger que tu aimes mais la vie. Et que vivre c’est prendre des risques pour sortir du marécage du conformisme et du confort intellectuel.
L’essentiel c’est l’Homme qui va naître et qui pour s’accomplir utilise les ressources de son âme. L’essentiel c’est de sauvegarder un certain arrangement des choses pour transmettre un héritage spirituel de valeur et de connaissance.
Et tu nous rappelle que »le bien le plus précieux de l’homme n’est pas l’auberge où il campe mais la ferveur et la direction de sa marche ».
Merci, Mon cher Antoine, de nous faire grandir dans l’harmonie du coeur et des pensées.
Abel SEVELLEC