
Histoire de la création d’un Trophée
Ce jour là, le jeudi 22 septembre 2016 en Vendée, j’avais le grand plaisir d’animer dans les locaux de l’entreprise Vertal -dirigée par Patrick Neau- un séminaire de management, pour réfléchir avec plusieurs chefs d’entreprises sur ce que l’oeuvre de Saint Exupéry peut apporter au management et à la conduite du changement dans les entreprises.
Saint Exupéry et le management: Un chef est celui qui a infiniment besoin des autres (carnet p 205)
Sur les murs de la salle, fleurissaient de nombreuses pensées et les citations de Saint Exupéry afin de guider et d’inspirer les travaux des participants. Derrière Patricia Brochard on pouvait lire sur l’une d’entre elles »ce qui importe ce n’est pas d’arriver mais d’aller vers ». Dit autrement, le chemin est plus important que la destination. Car ajoutait Saint Exupéry dans Citadelle seul compte l’absolu qui provient de la foi, de la ferveur ou du désir. Comme dans la vie il n’y a pas de hasard, j’allais comprendre plus tard combien ces citations traduisaient la qualité et la profondeur d’esprit de Patricia Brochard.
Aller du rêve à la réalité ou comment vivre ses rêves
Deux mois plus tard, en décembre 2016, Patricia Brochard me contactait pour me demander de porter, auprès de la succession de Saint Exupéry, cette idée de créer le Trophée Antoine de Saint Exupéry pour le détenteur du record du Tour du monde en solitaire.
Après ce séminaire, le nom de Saint Exupéry pour ce trophée lui paraissait évident car Thomas Coville qui venait de pulvériser quelques jours plus tôt le record du tour du monde en solitaire parlait beaucoup de rêves, de la place de l’humain dans la construction d’un tel projet et des valeurs humanistes associées à ces grand défis d’aventuriers et de pionniers.
C’est ainsi qu’avec beaucoup d’enthousiasme, j’ai pris contact avec Frédéric d’Agay le petit neveu d’Antoine de Saint Exupéry que je connaissais, pour lui faire part de cette magnifique idée porteuse de sens dans un monde sans repère. Frédéric m’a mis en relation avec son frère Olivier, directeur de la succession et Hervé de Saint Exupéry Vice président de la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse pour étudier ce projet et établir les premiers contacts avec la classe Ultim et donc avec Patricia Brochard sa présidente et Emmanuel Bachellerie son délégué général.
Une rencontre décisive entre la classe Ultim et La Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la jeunesse
C’est ainsi que le 15 février 2017 nous avons pu organiser une première rencontre à la Fondation Antoine de Saint Exupéry à Paris et réunir ainsi Patricia Brochard, Emmanuel Bachellerie pour la Classe Ultim, Olivier d’Agay directeur de la succession, Hervé de Saint Exupéry vice président de la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse, Nicolas Delsalle secrétaire de la Fondation et Abel Sevellec passionné de Saint Exupéry et organisateur de la rencontre. Sur la photo ci-dessous, nous retrouvons toutes ces personnes regroupées autour du petit Prince.
Une première rencontre autour du Petit Prince
Un projet qui fait sens: Relier le ciel et la mer.
Dès cette réunion nous nous sommes attelés à la tache pour partager une vision commune sur l’objectif et les finalités de ce Trophée autour des liens existants entre l’esprit pionnier des hommes de l’aéropostale et les aventuriers de la mer. Il apparaissait clair à tous que les idées d’engagement, de don et de dépassement de soi, de prise de risque et de solidarité si abondantes dans les oeuvres de Saint Exupéry, trouvaient concrètement leur pleine expression dans les exploits réalisés par Thomas Coville et François Gabart. Nous pouvions espérer par ce projet- selon Hervé de Saint-Exupéry (Aviateur lui-même) relier le ciel et la mer.
Un message fort pour la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse
Nous disposions là, d’une magnifique opportunité de nous adresser à la jeunesse pour leur donner des exemples de courage, d’effort, de capacité à surmonter les embuches et les échecs et parvenir à la pleine réalisation de soi. Comment ne pas se rappeler ce que Guillaumet disait à Saint Exupéry à ses débuts: dis toi simplement, ce que d’autres ont réussi on peut toujours le réussir. Cet encouragement avait pour Antoine de Saint Exupéry d’autant plus de retentissement qu’il n’avait connu jusqu’à cette année 1926 que des échecs et des incertitudes et notamment une rupture sentimentale profonde avec Louise de Vilmorin qui allait l’affecter pendant toute sa vie.
Une visibilité plus grande pour le Trophée Record du monde en solitaire en bateau
La Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse qui mène des actions dans le monde pour aider la jeunesse à construire son avenir trouve ainsi dans ce projet un partenariat pour soutenir ses initiatives autour de l’esprit et l’oeuvre de l’écrivain et aviateur français. En même temps pour la classe Ultim, le nom d’Antoine de Saint Exupéry donne au Trophée Record du monde en solitaire en bateau plus de visibilité et de rayonnement et met véritablement en perspective les valeurs humanistes autour de ces grands défis des pionniers de la mer.
L’avenir tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre
L’avenir tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre. Cette citation de Saint Exupéry est aussi la devise de la Fondation pour dire à la jeunesse que c’est dans l’effort que l’homme trouve en lui des ressources qu’il ne soupçonnait pas.
Une véritable source d’inspiration pour agir et s’accomplir
Ainsi en cohérence avec cet esprit, nous avons retenu pour le futur Trophée la citation de terre des Hommes » L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle ». C’est dans l’action que l’homme trouve son salut car « dans la vie il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche, il faut les créer et les solutions suivent ». (Vol de Nuit)
Evidemment tout le monde n’est et ne sera pas durant sa vie dans la lumière comme Thomas Coville ou François Gabart, ou Antoine de Saint Exupéry, mais il est important de montrer à la jeunesse des exemples qui l’inspirent car l’essentiel c’est ce qui permet à chaque homme de se réaliser et de s’accomplir. Car dans ce monde difficile, ne faut-il pas être un héros pour donner vie à ses rêves et puiser dans les échecs des leçons pour progresser. Et cela est vrai pour chacun d’entre nous car »Ce qui sauve c’est de faire un pas. Encore un pas. C’est toujours le même pas que l’on recommence ».(Terre des Hommes)
Thomas Coville et François Gabart en ligne avec l’esprit des pionniers de Latécoère/Aéropostale
Si le nom d’Antoine de Saint Exupéry inspire Thomas Coville et François Gabart, c’est que sa vie ses vols et son aventure résonnent en eux fortement et qu’ils ont trouvé dans son oeuvre, dans ses phrases et dans ses réflexions un véritable guide. Comme Saint Exupéry, ils ont connu des épreuves et des difficultés. Comme lui, ils ont tiré les enseignements que rien ne se réalise de fort et de grand sans cette confrontation à l’obstacle sur lesquels ils rebondissent sans jamais rien céder au découragement. Dans vol de nuit, Saint Exupéry conclut que la défaite qu’a subie Rivière est peut être un enseignement qui rapproche la vraie victoire. L’évènement en marche compte seul.
Thomas Coville et François Gabart avec Thomas Pesquet
Toute ces richesses qui donnent un sens à la vie et à l’action de chaque homme doivent être transmises aux jeunes générations. C’est pourquoi Thomas Coville et François Gabart ont accepté de rejoindre Thomas Pesquet comme parrains de la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse pour soutenir et développer des actions nouvelles envers les jeunes de France et du monde entier. Nous aurons ainsi l’occasion de réfléchir aussi avec Patricia Brochard et Emmanuel Bachellerie des différentes formes à donner à ce partenariat avec la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse que conduit Olivier d’Agay et Hervé de Saint-Exupéry sous la présidence de François d’Agay neveu et filleul d’Antoine de Saint Exupéry.
Si le principal héritage d’Antoine de Saint Exupéry est de créer des liens entre les hommes car il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines (Terre des Hommes), j’aurai dans un humble rôle contribué à perpétuer cette belle idée de tisser les liens pour réaliser ce Trophée et de servir ce désir d’union dans un monde si déchiré. Alors »quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous pourrons vivre heureux » (Terre des Hommes).
Et le simple berger lui-même qui veille ses moutons sous les étoiles, s’il prend conscience de son rôle, se découvre plus qu’un berger. Il est une sentinelle. Et chaque sentinelle est responsable de tout l’empire (un sens à la vie).
Et je voudrais enfin terminer cette présentation par cette réflexion d’Antoine de Saint Exupéry qui colle si bien à l’esprit du Trophée voulu par ses fondateurs et qui souligne cet effort de conquête et de progression continuelle que manifestent les marins en marche vers de nouveaux records.
Nous estimons que la vérité d’aujourd’hui, cette étape de notre ascension, repose sur les contradictions d’hier que l’effort de notre conscience a réussi à surmonter. Mais nous pensons de même que la vérité de demain reposera ainsi sur l’apparente confusion d’aujourd’hui.
Nous refusons de faire de l’étape atteinte aujourd’hui une étape définitive.
Le bien le plus précieux de l’homme ne nous paraît pas être la qualité de l’auberge où il campe, mais la ferveur et la direction de sa marche. Antoine de Saint Exupéry le 15 juin 1942 (calendar 1943 France in América)
Ainsi l’aventure humaine s’inscrit dans un élan de foi et ferveur vers un avenir à construire toujours plus solidaire et respectueux de la nature et des différences. Un avenir où le ciel et la mer se rejoignent pour célébrer les plus grandes conquêtes de l’homme.
Merci Patricia, Merci Emmanuel, Merci Olivier, Merci Hervé d’avoir rendu possible cette nouvelle aventure pour la partager avec cette jeunesse qui a tant besoin d’être inspirée par les exploits de Thomas et de François et les valeurs qu’ils sous-tendent.
Abel SEVELLEC